Flo et Gilles : C’est de nous savoir perdus, qui nous a sauvés !
Comment affirmer une telle chose ? Etre certains que nous sommes bien sauvés ? Dans quel état d’esprit nous trouvions nous à cette époque ?
Bien sûr, nous mourrons un jour, mais à défaut d’être sauvés, nous étions bien condamnés par les médecins à mourir du cancer prématurément, ce n’était qu’une question de temps.
Eux savent fort bien que dès que vous commencez une récidive vous êtes perdu, ils vont donc essayer de vous gagner du temps, avec les moyens qu’ils ont : chimio, avec ou sans radiothérapie, puis quand cela ne marche plus, ils vous proposent, hormonothérapie, puis ensuite immunothérapie, puis thérapie ciblée. Et à chaque fois ils vous disent, il y a des chances que cela marche dans votre cas. On peut se demander pourquoi ? Et pourquoi, si cela doit marcher n’ont ils pas commencé par ce dernier traitement ? La réponse logique est qu’ils commencent parce qu’ils pensent avoir le plus de chance de donner un résultat. Donc à une étape, si ça marche, on ne testera pas le reste. On respecte « Le Protocole ».
Puis arrive le moment où ils constatent que c’est sans issue. Plusieurs attitudes s’offrent à eux :
– Ils continuent : une nouvelle chimio, récente très prometteuse, etc… vous faisant subir de nouvelles souffrances, à vous et votre entourage, jusqu’à votre mort.
– Ils constatent l’échec :
– a) la solution de facilité : on vous oriente vers les soins palliatifs. Dans la plupart des cas une euthanasie déguisée, arrêt d’une alimentation normale, et des soins que peut nécessiter votre état, puis on vous endort à la morphine à forte dose dans le meilleur des cas. Quelque fois, quand vous avez de la chance et êtes dans un vrai service de soins palliatifs vous connaitrez quelques jours ou semaines de vie de meilleure qualité.
– b) Ils vous renvoient chez vous, en vous disant : « Nous ne pouvons plus rien faire pour vous » « Vous en avez pour trois mois ». Parfois ils le disent de manière brute, à vous ou un de vos proches. Parfois ils précisent une échéance possible, parfois non.
– c) Très rarement un médecin, dira « je ne peux plus vous soigner, mais il existe peut-être d’autres traitements que je ne connais pas, j’en ai simplement entendu parler ». Ce médecin n’aura pas attendu que vous soyez complètement épuisé pour vous le dire. (Ce cas est vraiment exceptionnel).
Et en ce qui nous concerne, c’est à partir de ce moment-là, lorsque nous avons entendu : « Nous ne pouvons plus rien faire pour vous »…« Vous en avez pour trois mois » que nous avons pris notre sort en mains, dans l’urgence certes, l’ignorance aussi, mais la volonté de vérifier cette hypothèse : existe-t-il d’autres traitements, et puis je en bénéficier ?
Ce jour-là, nous ne le savions pas encore, mais nous étions sauvés.
En tous cas, le « condamné à 3 mois », s’est transformé, 4 ans après, en « je vis, et je n’ai aucun signe de cancer. »
Gilles et Flo de La Brière