Votre médecin est-il influencé par les lobbys pharmaceutiques ? Vérifiez !
Plus de 244 millions d’euros ! C’est le montant dépensé par l’industrie pharmaceutique en cadeaux aux médecins entre janvier 2012 et juin 2014, chiffre révélé par l’association « Regards citoyens ». Ces cadeaux peuvent aller du petit repas d’affaires ponctuel à la rétribution d’une conférence pour vanter les mérites d’une molécule. Dans ce contexte, comment répondre à la question d’un malade qui nous interroge sur la pertinence des recommandations et prescriptions de son médecin ? A cela, nous ne pouvons que donner des informations d’ordre général :
Aujourd’hui, les pouvoirs publics et les hôpitaux n’ont plus les moyens d’informer et de former correctement les professionnels de santé tout au long de leur vie. La formation continue n’est plus à l’ordre du jour. Or, de nombreuses recherches et avancées ont lieu tous les jours dans tous les domaines de la médecine. Dans ce cadre, comment un médecin peut-il se tenir au courant et continuer à se former ?
Accepter les informations données et les formations dispensées par des entreprises dont l’objectif n’a rien de philanthropique apparait comme la solution la plus simple, d’autant que les entreprises se bousculent au portillon des cabinets et des hôpitaux. Et les médecins n’étant pas chimistes… Cette situation crée un terreau favorable à l’augmentation du risque de collusion entre les professionnels de santé et les entreprises. Cela s’appelle des liens d’intérêt et peut dans certains cas entrainer des conflits d’intérêt.
Pour tenter de contrecarrer ces dérives possibles, les autorités ont réagi en promulguant la loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé. Celle ci précise qu’il peut exister des liens d’intérêt entre les laboratoires et les praticiens et qu’il est nécessaire que tout citoyen en soit informé. Ainsi un site internet appelé Base Transparence Santé a été mis en place. Il oblige les entreprises du secteur médical à déclarer les liens d’intérêt qu’elles peuvent entretenir avec les acteurs de la santé et s’appuie sur l’article L 1453-1 de la loi :
« Les entreprises produisant ou commercialisant des produits mentionnés au II de l’article L. 5311-1 ou assurant des prestations associées à ces produits sont tenues de rendre publique l’existence des conventions qu’elles concluent avec :
« 1° Les professionnels de santé relevant de la quatrième partie du présent code ;
« 2° Les associations de professionnels de santé ;
« 3° Les étudiants se destinant aux professions relevant de la quatrième partie du présent code ainsi que les associations et groupements les représentant ;
« 4° Les associations d’usagers du système de santé ;
« 5° Les établissements de santé relevant de la sixième partie du présent code ;
« 6° Les fondations, les sociétés savantes et les sociétés ou organismes de conseil intervenant dans le secteur des produits ou prestations mentionnés au premier alinéa ;
« 7° Les entreprises éditrices de presse, les éditeurs de services de radio ou de télévision et les éditeurs de services de communication au public en ligne ;
« 8° Les éditeurs de logiciels d’aide à la prescription et à la délivrance ;
« 9° Les personnes morales assurant la formation initiale des professionnels de santé mentionnés au 1° ou participant à cette formation. »
Et les sanctions pour ceux qui ne le font pas peuvent être lourdes :
« « Art. L. 1454-2. – Est puni de 30 000 € d’amende le fait pour les personnes mentionnées aux I et II de l’article L. 1451-1 et à l’article L. 1452-3 d’omettre sciemment, dans les conditions fixées par ce même article, d’établir ou de modifier une déclaration d’intérêts afin d’actualiser les données qui y figurent ou de fournir une information mensongère qui porte atteinte à la sincérité de la déclaration.
« Art. L. 1454-3. – Est puni de 45 000 € d’amende le fait pour les entreprises produisant ou commercialisant des produits mentionnés à l’article L. 5311-1 ou assurant les prestations associées à ces produits d’omettre sciemment de rendre publics l’existence des conventions mentionnées à l’article L. 1453-1, conclues avec les personnes, associations, établissements, fondations, sociétés, organismes et organes mentionnés aux 1° à 7° du I du même article, ainsi que les avantages mentionnés au II dudit article qu’elles leur procurent. »
On y retrouve donc toutes les dépenses que les entreprises ont consenties dans le lobbying actif auprès des médecins en particulier. Evidemment cela ne suffit pas et ne résout pas tout, mais toute personne, malade ou non, peut y accéder, et renseigner les champs de la ‘recherche avancée’ avec le nom de son médecin et sa région pour connaitre ses accointances avec les entreprises privées et les avantages et/ou rémunérations retirées de ces rencontres. Une bonne façon de se faire une idée sur la dépendance ou non de son médecin vis-à-vis des laboratoires et sur la prescription qu’il vient de délivrer.
N’hésitez pas à y jeter un œil : Base de données Transparence Santé