Sodium R lipoate versus Acide alpha lipoïque
De nombreuses personnes s’interrogent sur l’utilisation de l’acide alpha lipoïque, faut-il l’utiliser tel quel ou sous forme de sel de sodium. L’article ci-dessous répond à cette question et pour une action efficace la forme sodium R lipoate est bien celle qu’il convient d’adopter.
Sodium R Lipoate (NaRLA)
L’acide lipoïque, aussi connu sous le nom d’acide alpha-lipoïque et d’acide thioctique, est un composé organo-soufré dérivé de l’acide octanoïque. Il contient deux atomes de soufre (en C6 et en C8) reliés sous forme de pont disulfure.
L’atome de carbone en 6 est chiral et la molécule est donc composée de deux isomères : R (+) et S (-). On peut le trouver sous forme d’isomère pur (R ou S) ou de mélange racémique (R/S). Il peut également exister sous forme réduite, appelée acide dihydrolipoïque (ses deux fonctions thiol étant dans ce cas, libres). La forme R est celle qui est antioxydante.
L’acide lipoïque se retrouve naturellement dans le corps humain, notamment dans les mitochondries où il agit comme co-enzyme de plusieurs enzymes dont la pyruvate deshydrogénase et de l’apha-cétoglutarate deshydrogénase. Il peut également être synthétisé par le corps humain en petite quantité à partir d’acides gras et de cystéine mais ses sources principales sont d’origine alimentaire. Un grand nombre d’effets biologiques qu’on lui attribue sont dues aux propriétés de son couple rédox (thiols/disulfure) faisant notamment de lui un « antioxydant », après conversion en acide dihydrolipoïque.
L’acide lipoïque est fourni à l’organisme humain à partir d’aliments d’origine animale (viande rouge, foie, cœur et reins) ou végétale (épinards, brocoli, tomates, choux de Bruxelles, pommes de terre, pois et riz). Sa biodisponibilité est variable ; pour les formes chimiques pures en solution aqueuse, elle a été estimée inférieure à 40 %. Elle est fortement réduite en présence d’aliments, ce qui fait en sorte qu’on conseille de prendre la molécule en dehors des repas. La quantité d’acide lipoïque retrouvée dans les compléments alimentaires (de 200 à 600 mg) serait d’environ 1.000 fois plus élevée que la quantité habituellement fournie par l’alimentation (Goraca et al., 2011) ci-dessous:
Lipoic acid - biological activity and therapeutic potential.
Gorąca A1, Huk-Kolega H, Piechota A, Kleniewska P, Ciejka E, Skibska B. Pharmacol Rep. 2011;63(4):849-58.
Précautions d’usage :
Comme l’acide alpha-lipoïque peut réduire la résistance à l’insuline et la glycémie, il est nécessaire de surveiller attentivement sa glycémie et d’avertir son médecin, afin qu’il adapte la posologie des médicaments hypoglycémiants classiques, si nécessaire.
L’innocuité de l’AAL n’est pas établie chez les enfants, les femmes enceintes et celles qui allaitent, ainsi que chez les personnes souffrant de maladies du foie ou des reins.
Il est recommandé aux personnes qui prennent de l’AAL de surveiller leur taux de fer, car l’AAL peut piéger le fer (effet chélateur)
En cas de constat d’effet indésirable il est conseillé d’arrêter la prise du produit, les effets secondaires s’arrêtent rapidement.
Pour une meilleure action que l’acide alpha lipoïque nous avons trouvé que le sel de sodium de l’acide R lipoïque était beaucoup plus stable et surtout que sa biodisponibilité beaucoup plus élevée permettait une action thérapeutique certaine (voir l’article ci-dessous) :
Résumé : Une étude faite sur un échantillon d’hommes et de femmes montre des différences notables de concentration dans le plasma après ingestion de 600mg d’acide R lipoïc (RLA) ou son équivalent sel de sodium (NaRLA) dilué dans 200ml d’eau 3h après un repas léger.
On mesure la concentration maximum dans le plasma (Cmax) pendant la période de détection et la surface sous la courbe (AUC) indiquant la quantité totale arrivée dans le plasma.
La concentration maximale est atteinte entre 10 et 20 minutes et dure peu de temps. La disparition prend environ 90mn.
En moyenne les résultats sont les suivants :
Cmax : RLA : 0,8 mcg/ml, NaRLA : 14,2mcg/ml soit 17,75 fois plus
AUC : RLA : 1,85 mcg.h/ml NaRLA : 5.44 mcg.h/ml soit 2,9 fois plus
Si on considère qu’un effet thérapeutique commence à un Cmax de 4 à 5 mcg/ml (20 à 25 micromoles), la concentration maximale admise étant environ de 50mcg/ml, on voit donc que l’absorption par voie orale de 600mg sous forme de NaRLA est optimale alors que celle de RLA est en dessous de la limite d’efficacité.
Le Sodium R lipoate est extrêmement stable par rapport à l’acide. Il est soluble dans l’eau et dans les lipides ce qui fait qu’il peut être pris hors ou pendant les repas.
Patrick Vilars